Georges Chaulet ne comprendrait pas forcément ma démarche, il faut être claire. Je m'approprie un personnage qui ne m'appartient pas, sous une forme très différente des fanfictions, juste une identité derrière laquelle me cacher pour réfléchir mieux. Néanmoins il y a des parallèles à établir.
Quand j'étais petite, je voulais être Fantômette.
Je pense que je ne suis pas la seule ;). Etre libre, douée, très intelligente, avoir de la chance, s'en sortir. Et surtout, être indépendante. Sans parents, sans contraintes autres que l'école, et ainsi de suite. Fantômette est un personnage assez ambigu et au fond loin des schémas habituels. Certes elle possède :
- une vie extrêmement saine : pas d'alcool, pas d'excès, pas de drogue. Elle est sportive et a un corps sain.
- une morale intense.
Ca en fait une héroïne pour enfants irréprochable.
Mais elle a aussi des côtés non conventionnels qui certes sont liés à des choix fictionnels mais ne sont pas inintéressants si je me réfère à mon parcours de vie. Certes c'est une enfant dans le roman mais elle est tellement évoluée mentalement qu'au fond, on l'imagine plus en jeune adulte qu'en gamine de 12 ans. Résultat faire l'expérience de la lecture des romans se trouve être non pas abêtissant mais un petit intermède savoureux. Je viens de découvrir le dernier, Fantômette et le magicien, et je l'ai dévoré en deux traites :p. J'ai souri devant les évolutions déjà notées avec Le retour de Fantômette : télé et plus France Flash, téléphone portable, ... Elle évolue avec le temps. La seule chose qui m'a réellement gênée est le tutoiement que prend Oeil de Lynx pour s'adresse à Fantômette. Ca la fait justement revenir à un espace enfantin puisqu'elle le vouvoie alors que ça les mettait sur le même plan d'adulte à adulte (sans ambiguïté évidemment puisque le journaliste est juste admiratif :p), ce qui était assez plaisant pour évoluer "comme Fantômette" et non rester cloisonné à un espace d'âge réduit. Dommage, dommage.
Mais si on se place dans un espace totalement symbolique et dénué de tout caractère réellement enfantin, juste un imaginaire, c'est tout à fait transposable dans un cadre adulte et c'est là que c'est intéressant. Fantômette est déjà adulte, il faut être clair, et une réflexion sur la société, sur la morale est donnée, pas à la Comtesse de Ségur "il faut être sage et bien obéir sinon on se prend des tartes dans la tronche" (ou plutôt des fessées cul nu - je me souviens très bien des fessées d'Un bon petit diable, ça fait peur), mais d'une manière plus réaliste : si l'on va au-delà du roman et qu'on observe la manière dont les personnages s'en sortent, avec des repères limités (notamment au niveau familial), cela donne un modèle pas trop dégueu à suivre.
Fantômette est peu conventionnelle (d'une manière générale les romans, bien que tout à fait corrects pour des gamins - si j'en avais, ils auraient largement l'autorisation de les lire dès qu'ils sauraient lire, ça ne m'a pas fait de mal et les références culturelles m'étonnent encore -), ont échappé à pas mal de politiquement correct d'aujourd'hui xD) : elle vit seule avec son chat (notez comme soudain le parallèle avec moi s'éclaire tout à coup), dans un pavillon en banlieue d'une grande ville (pas Framboisy / Antony vis à vis de Paris, mais pour ma part d'une autre grande ville, et j'ai déjà testé la région parisienne). Elle se passe fort bien de la compagnie des hommes et semble d'ailleurs ne pas avoir tenu compte de l'invitation d'Eric à la fin du Retour de Fantômette (il est très clair dans le nouveau volume qu'il suit chronologiquement le précédent). Ce passage shipper était particulièrement savoureux et je crois que ne pas en tenir compte pour le volume suivant l'est encore plus :p. Au passage c'était très adulte ce "Viens", pas du tout enfantin pour le coup puisque ça signifie dépasser les frontières de la bienséance et conventionnelles - le bien contre le mal - pour faire se réunir deux personnes opposées, ça m'avait bien plu que pour une fois les mouflets ne soient pas pris pour des andouilles auxquelles on rabâche du politiquement correct : oui ça arrive que des trucs adultes (genre l'amour) dépassent les frontières établies, et "c'est comme ça" (au fond ce volume a balancé Fantômette dans le monde adulte :p, c'est peut-être pour ça que j'ai replongé dans mes lectures). Je m'étais toujours demandé comment serait Fantômette à l'état adulte, en quittant son espace plus enfantin. C'est une fille bien fille (elle aime se déguiser, elle aime le tissu, elle aime ce genre de choses), mais ne semble pas très occupée par les garçons (dans Fantômette contre Fantômette, c'est Ficelle qui tombe plutôt en émoi, pas Françoise) mais elle présente pas mal de caractéristiques de la lesbienne type (vous vous demandiez où je voulais en venir par rapport à mes problématiques habituelles) :
- ambiguité sexuelle d'une manière générale : voix pas particulièrement identifiable, cheveux courts. Dans Fantômette contre Fantômette, quand l'un des garçons (certes le plus féminin des deux) se déguise en Fantômette, on ne voit pas bien la différence.
- elle vit seule avec son chat xD. Oui, c'est un stéréotype qui court, qui court et... qui se vérifie parfois xD (des amies à moi).
- pas particulièrement d'attirance pour les hommes. Quand elle éprouve qqch pour un homme, il s'agit d'admiration : Oeil, le Masque d'Argent, Eric. Certes les romans se déroulaient dans un univers enfantin, donc toute ambiguïté à ce stade était exclue, mais n'empêche. Symboliquement, toussa.
Je pense que là j'ai franchi les limites de l'imagination de l'auteur et que le pauvre ne s'imagine pas une seconde l'interprétation tordue que j'en ai faite :p.
En dehors de cette interprétation tordue, Fantômette vit donc donc sans parents et ne le vit pas mal. Elle n'est pas asociale puisqu'elle adore ses amis (Oeil, Ficelle, Boulotte) et se tient au courant de l'actualité. Elle agit suivant une morale bien définie, elle aime les gens et les animaux, elle aime le bien, elle a de l'humour, elle a un corps bien entretenu (sans excès, elle sait s'accorder une grasse matinée à bouquiner). Bref, c'est un peu la fille parfaite pour moi, et possédant une indépendance (relative) que je lui envie grandement. Un bon modèle. CQFD.